top of page

Nous voila de nouveau en Inde, ce pays complexe et attachant, violent et lumineux, c’est vraiment chaque fois une nouvelle découverte. Nous, c'est-à-dire Jean Claude le président de ODHEI, Christophe, Jean, mes fils, et Thomas petit fils âgé de 11 ans, et moi-même ; une équipe chargée de visiter l’orphelinat de HEED que nous soutenons depuis 5 ans environ. Responsables envers les donateurs, nous devons vérifier si la gestion est conforme et l’argent utilisé au mieux dans l’intérêt des enfants.
Nous sommes arrivés à Chennaï, anciennement Madras, via Londres par un vol de British Airways.
Après une nuit d’attente à l’aéroport d’Heathrow à Londres, nous arrivons assez fatigués le surlendemain à une heure du matin à Chennaï. Les ennuis commencent : nous ne réceptionnons qu’un bagage sur 4 ce qui nous fait passer 2 heures 30 en attente et en palabres, car nous ne sommes pas les seuls voyageurs dans ce cas. Il nous faudra, dans l’immédiat, faire sans.
Nous sommes accueillis par Sathiadoss et Mani, joie des retrouvailles … Enfin, nous rejoignons Christophe qui nous a précédés en Inde, venant directement du Congo où il vit actuellement avec sa famille.


PONDYCHERI

Image1.jpg

Sundararaj

Les enfants

Repas offert

Après quelques heures de repos et notre premier breakfast indien, nous partons pour Pondichéry dans la Long-Jeep de HEED, conduite par Sathia ; rien ne nous retenant dans Madras, ville extrêmement polluée et peuplée. La sortie de la ville semble interminable et nous voilà enfin sur la première autoroute déjà empruntée en 2009. Pondychéry, à 200 km de Madras, est une ville touristique. Tout le long de la route nous remarquons des immeubles imposants en construction, perdus dans la campagne mais pas loin de la mer. Ce sont de futurs appartements à la vente pour une classe aisée. Au passage, nous faisons un arrêt shopping et gastro à Mamalapuram, site célèbre pour son temple et ses marbres (objets sculptés). La dégustation consiste en du poisson grillé servi sur du papier journal et cuit au milieu des mouches mais frais et goûteux.
A Pondy, nous retrouvons l’hôtel Sathia, dans lequel nous avons séjourné lors du précédent voyage. Très bien, et moins cher que celui de Madras assez sale. Pondy, très marqué par son passé français, conserve un certain cachet quand on passe le canal qui séparait le côté français et le côté indien. Les rues sont propres, arborées, peu peuplées ; de temps en temps, on croise des rickshaws à l’ancienne tractés par la force des mollets.
Pondy est pour nous l’occasion de retrouver Sundararaj, un pasteur gitan qui s’occupe, avec sa femme, d’une quarantaine de petites filles. Quelle joie, quelle fraicheur dans ces visages alors que déjà la vie ne les a pas épargnés ! Nous leur demandons ce qu’elles veulent faire plus tard et la plupart répondent : docteur, policier, etc… En fait, Mani, notre traducteur (il parle français, anglais et 3 langues indiennes dont le Tamil et le malayam du Kérala), qui seconde Sundararaj nous explique qu’elles n’ont aucun avenir, appartenant à la plus basse classe indienne : elles sont tziganes (plus méprisées que celle des dalits dits « intouchables »). Constat regrettable et fait vécu, un serveur « intouchable » a refusé de servir un thé à Mani parce qu’il est gitan. La seule source d’espoir pour ces petites filles tziganes est qu’elles vont à l’école et que quelques unes parviendront à acquérir un métier, une place.
Ensuite, nous assistons au repas qui leur est offert par un indien aisé qui fête l’anniversaire de sa petite fille. C’est une coutume indoue d’accomplir une bonne action à l’occasion d’un évènement heureux dans la famille. En général, il faut que cela soit médiatisé et bien connu par tous.

Image2.jpg
Image3.jpg
Image4.jpg
Image5.jpg

RAJA 1
Le lendemain, lever à 5 heures et départ à 6h pour Rajapalayam. Mani nous accompagne jusqu'à ce que nous rejoignions l’autoroute. En fait, il doit rester à Pondy pour récupérer nos bagages qui seront livrés plus tard par British Airways à l’hôtel Sathia. Cela ne s’est concrétisé que deux jours plus tard. Comme nous n’avions aucun vêtement de rechange nous avons fait quelques emplettes pour parer au plus pressé. Nous voici donc sur l’autoroute qui traverse l’inde du nord au sud. Elle est en très bon état car récente. La vitesse de croisière est 80 Km/h ; quelques audacieux se risquent au 100 Km/h. Il n’y a aucune règle : on roule à droite, à gauche et on double de même. Attention au bétail et aux piétons ! Un arrêt breakfast permet à Thomas de faire connaissance avec les sanitaires et les grandes crêpes « dosais ». Nous apprécions le voyage, tranquilles, confiants en l’habileté de Sathia au volant.
Après 9 heures de route, nous arrivons enfin à Rajapalayam, accueil chaleureux des 7 frères pasteurs et des deux jeunes postulants au pastorat. Cette équipe formée de 7 familles et deux jeunes est consacrée à HEED et à PGM. Leur activité est partagée entre le social : les enfants, les personnes âgées et le spirituel, l’annonce de la bonne nouvelle dans un pays dur : castes et poursuite effrénée pour la réussite sociale.
Après un bref repos, nous visitons l’orphelinat. Les enfants nous souhaitent la bienvenue avec des fleurs et un grand « welcome » inscrit à la craie sur la terre. Nous pouvons voir les nouveaux bâtiments construits à la demande du gouvernement, dans lequel logent des personnes âgées et les enfants les plus grands. C’est toujours un choc d’être mis en face de la misère, celle des personnes usées sans aucune ressource dans ce pays difficile. Nous constatons, comme à l’accoutumé, que les enfants sont souriants, heureux. Nous assistons au travail scolaire du soir. Filles et garçons séparés, assis à même le sol, leurs genoux servant de bureau.
Les deux jours suivants seront consacrés à des réunions de travail pour HEED et PGM. Assez éprouvantes car il n’y a que trois pasteurs qui pratiquent l’anglais, d’où nécessité de traduire en Tamil pour les autres. Je suis heureux, pour ma part, d’être épaulé par Christophe et Jean car mon anglais est peu fourni. L’obstacle majeur est la différence des mentalités entre l’Inde et l’Europe. Il faut du temps et beaucoup de questions réponses pour arriver à une compréhension mutuelle. Nous comptons sur le Seigneur pour finaliser tout çà.
Le vendredi soir nous devons repartir pour Cochin dans le Kérala sur la côte ouest de l’Inde du sud. Nous accompagnons Christophe qui doit prendre son avion pour le Congo samedi soir. Deux heures de tractations avec le propriétaire d’une voiture que nous allons louer pour 5 jours. C’est un très bel engin de 7 places, tout neuf, vraiment conçu pour un usage en Inde. Look d’aujourd’hui, portes coulissantes et mécanique diésel ancienne génération qui a déjà fait ses preuves. Nous nous méfions des engagements oraux, sachant qu’ils subiront des fluctuations néfastes au retour, je passe les détails des tractations. Enfin nous partons ! Super, c’est bon ! … Eh bien non ! Arrêt en ville, notre chauffeur part dans le sens opposé à celui prévu. Nouvelles tractations dans la rue et nouveau départ.

 

COCHIN KERALA
L’inde du sud est partagée, en son centre, par une chaine de montagnes qui sépare le Tamil Nadu à l’est et le Kérala à l’ouest. Nous avions prévu de passer par les montagnes en un trajet direct de 250Kms. En fait, le trajet que nous suivrons par le nord doublera nos kms ! Nous comprendrons plus tard que le chauffeur préférait éviter la route de montagne la nuit à cause des conditions météo et de l’insécurité ; les brigands se cachent dans ces montagnes. Voyage difficile, car l’activité est dense en fin de soirée, ça grouille de partout, vitesse moyenne 40 Km/h. Conduite en zig zag, et pleins phares surpuissants pour les automobilistes qui arrivent en face. L’indien pense d’abord à lui, à chacun de se débrouiller pour s’en sortir, la vie est dure. Nous arriverons à Cochin à 3 heures du matin, fatigués mais heureux de découvrir des chambres d’hôtel magnifiques, dénichées par Christophe sur le guide du routard.
Le Kérala est une région très belle, verdoyante et beaucoup plus propre que le Tamil nadu. On sent a quel point elle a été influencée par la présence occidentale pendant des siècles. Nous croisons beaucoup de touristes européens et tout est fait pour les gérer dans tous les sens du terme. J’aime les arbres et nous avons la joie d’admirer des spécimens magnifiques dont je ne sais pas le nom. Les jeunes jouent au cricket et au foot à l’ombre de ces immenses parasols, la vie tranquille. Nous passons la journée à visiter la ville pendant que Jean reste couché, cloué par une gastro. Le soir évènement important Christophe doit prendre son avion. Etant habitué à l’Afrique il prend une sage décision et nous quitte 4 heures avant le départ. Bien lui en a pris, les pluies de la mousson, le trafic incessant de la ville, la distance (70 Km) et cerise sur le gâteau la police qui flashe le chauffeur pour excès de vitesse (du 60 au lieu de 50) c’est l’Inde.
Le lendemain nous partons pour Nagercoil, Kaniakumari (Cap Comorin), la pointe sud de l’Inde où se rencontrent 3 mers : mer d’Arabie, Océan Indien, mer du Bengale. Ce qui nous fait un voyage le long de la cote est du Kérala. La végétation est luxuriante, reposante, le bord de mer, une plage de sable infinie avec les cocotiers. Les traversées de kolam et Trivandrum nous frappent par une orgie de lumières, des bâtiments modernes qui surpassent ce que nous avons en France. Nous irons manger dans un KFC pour changer un peu du riz, du riz toujours du riz, oui c’est vrai on peut varier avec les Noodles qui n’ont rien à voir avec les pates italiennes dixit Giovanni. Nous arriverons Nagercoil à 11h du soir plutôt fourbus. Les voyages sont interminables car il y a de tout sur la route et quand il pleut cela se complique.

 

NAGERCOIL KANIAKUMARI
A Nagercoil nous logeons chez mon ami Moise, nous nous connaissons depuis 35 ans et avons pu oeuvrer ensemble pour l’orphelinat. Sa maison est très belle, marbre et bois sculpté, matériaux qui sont d’un prix dérisoire en Inde comme la main d’oeuvre pour ceux qui ont quelques moyens.
La journée suivante démarre sur les chapeaux de roues. Jean doit prendre impérativement son avion à Madras à 700 Km le surlendemain et nous apprenons que les billets de train ne sont pas confirmés, processus que nous ne connaissions pas. Alors une heure de trafic pour se faire rembourser à la gare, puis encore trafic pour prendre les tickets de bus. Quand nous sommes rassurés nous partons à Kaniakumari pointe sud extrème de l’Inde site touristique très fréquenté. Une statue de 40 m de haut y a été érigée elle représente le poète Thiruvalluvar très célèbre en Inde. Et toujours bien sur le shopping avec beaucoup de coquillages de l’endroit.
Le soir nouvelle émotion lorsque nous amenons Jean au bus. Justin nous avait dit qu’il savait où se trouvait la bus station. Nous avons réalisé au bout d’un moment et pas mal de détours qu’il n’en savait rien, c’est classique en Inde, on dit toujours oui et après on se débrouille, Jean était au bord de la crise de nerf. D’autorité nous avons loué un rickshaw qui nous a guidé. Nous constatons que le bus est tout neuf et n’a rien a envier aux notres en France. Bon départ de jean Thomas et Mani qui l’accompagne à Madras. Plus tard nous saurons qu’il y aura eu encore quelques péripéties à l’arrivée à 8 heures du matin. Bagarre des
chauffeurs de Ric pour prendre le blanc, l’occidental mais réaction négative quand ils constatent qu’il est avec Mani moins qu’un intouchable qui le conseille, c’est insupportable. Ils ont pu s’en sortir avec un taxi providentiel.
Maintenant nous voila seuls avec Jean Claude. Nous ne revenons en France que lundi. Nous avons donc 5 jours devant nous. Nous passons une journée avec Moise a régler divers problèmes et le lendemain nous rentrons à Rajapalayam pour rendre la voiture. Tout se passe bien ce qui est notable en Inde. Nous sommes dans un hotel bien mieux que la semaine précédente et moins cher, en fait il faut toujours tout vérifier. Journée de repos et de prépa du travail qui nous attend.

 

RAJA 2
Nous allons passer les deux jours suivants a travailler avec les pasteurs à améliorer nos relations et mieux nous comprendre. En fait c’est Inbakumar qui fait tout le travail de relation avec la France. S’il vient à manquer il n’y a plus personne. Il faut absolument la relève. J’expose les points essentiels qui doivent figurer dans les rapports. Pour PGM , je demande à ce que chacun rédige un texte sur une expèrience qu’il a vécu. Ils le font en tamil car ils ne connaissent pas l’anglais, ensuite Justin et Inbak traduisent. Nous sommes heureusement surpris de constater qu’il y a des capacités. Nous demandons donc que dorénavant ils participent aux rapports. Pour HEED, Aruna avait préparé le compte rendu de la semaine précédente en anglais et la aussi c’est une bonne surprise elle pourra remplacer Inbak. Pour agrémenter les rapports nous demandons cette fois ci la rédaction d’une journée par des enfants. Malgré deux essais ce n’est pas concluant. L’instruction populaire en Inde est assez défectueuse, et l’expression personnelle n’est pas favorisée.
Nous irons aussi visiter l’église de Jeyakoddi. Perdu dans la campagne prés du village de Wattrap. Il se bat depuis des années pour réaliser son rêve : avoir son église en dur où il puisse aussi vivre. Souvent éprouvé par les éléments il persévère avec opiniâtreté et nous pensons qu’il y arrivera. Nous voyons ensemble les problèmes et voyons comment nous pourrions l’aider. Nous allons aussi visiter Daniel Halleluia. Un endroit encore plus misérable, égout à ciel ouvert devant la porte. Je connais Daniel depuis 14 ans. Il semble être toujours le même et nous apprenons qu’il a 100 ans. Quelle régularité, quelle puissance dans cet homme qui faisait partie des hautes castes de la région, qui était riche et qui a tout perdu pour sa foi. Il a mené une vie misérable depuis sa conversion mais a été heureux dans son être intérieur.
Un autre moment fort est l’achat d’un véhicule pour les pasteurs. Ils ont en vue une Tata Magic diesel. Il fallait se décider sur le champ car ces voitures sont vraiment construites pour l’Inde et recherchées, les occasions sont rares. Après essais et délibérations nous donnons notre accord. Nous pensons que c’est une bonne opération.
Au gré des pérégrinations nous avons l’opportunité de visiter un atelier de mécanique qui utilise des machines vieilles de 60 ans, incroyable. Je revois l’atelier du lycée où je me préparais a passer le brevet d’ajusteur dans les années 50. Nous admirons aussi des sculpteurs qui font des portes d’entrées, vraiment magnifique pour des prix trés modiques. Il y a aussi les piquets en granite assez étonnants.
A HEED nous avons la surprise de partager le repas avec la famille de Moise. Sa soeur Annathai et son mari Ebenezer sont venus visiter une autre famille de Rajapalayam dans le but de marier leurs enfants. C’est la coutume en Inde, les parents organisent les rencontres. Si les jeunes gens se plaisent il y a mariage, sinon les parents cherchent ailleurs.

 

MADRAS CHENNAI
Pour finir retour à Chennai en bus, départ à 9 heures du soir, arrivée le lendemain à 6 h. Une journée a parcourir les rues de chennai pour quelques emplettes. Un très bon repas offert par Annathai et nous
partons à l’aéroport à 23 h. L’avion décolle à 4h. Nous sommes à Marseille à 14 h grace au décalage horaire après deux vols sans histoire.

Image6.jpg
bottom of page